mardi 30 mars 2010

Un poète, Bernard Marcotte, devant l'autoportrait de Marie Petit (Marie Adrien Lavieille)



Cet autoportrait si étonnant, que Marie Petit a fait en 1870, alors qu'elle n'avait que 18 ans, ne pouvait pas laisser indifférent Bernard Marcotte... Poète né en 1887 dans les Ardennes, Bernard Marcotte évrivit en mai 1914 quelques vers [1] après avoir contemplé le tableau à Vendôme, où il était venu voir Paul Tuffrau, avec qui il était lié depuis leur rencontre en 1905 sur les bancs du lycée Louis-le-Grand, et sa femme Andrée Lavieille, fille de Marie Adrien Lavieille :

Je vous salue, ô dame infiniment lointaine,
A jamais inconnue en ce tableau profond
Où tous les soirs l'éclat de vos beautés sereines,
Mystérieusement s'atténue et se fond.

O doux reflet sans âme ! O fragile asphodèle
Qui fleurissez là-bas aux champs ombreux des morts !
De tant de jours si doux où vous fûtes si belle,
Rien que ce doux portrait qui vous survive encor.

Madame, en vérité, c'est un bien grand outrage,
C'est un si long, si triste et douloureux départ.
Rien qu'un reflet doré sur un pâle visage,
Et ce rouge sourire avec ce clair regard.


[1] Ces trois strophes font partie de Symphonie domestique, poème dédicacé à Andrée Lavieille. [ Ce poème a été publié dans le n° 10 de la revue L'Oeil bleu, paru en février 1910, et dans Poèmes de Bernard Marcotte, ouvrage paru en 2013 chez Publibook.]